L'actu : douze militants de Greenpeace ont bloqué un train transportant de l'uranium appauvri à la gare de triage de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), dans la nuit du 10 au 11 mars. Ils réclament un moratoire sur l'exportation par la filière nucléaire française de certains déchets radioactifs. La filière nucléaire française exporte une partie de ses déchets nucléaires en Russie, pour y être retraités avant leur réutilisation dans des centrales françaises. Mais d'après Greenpeace, une proportion infime des déchets revient en France, le reste étant stocké sur place. A lui seul, le géant français du nucléaire Areva aurait envoyé sur place plus de 33 000 tonnes de déchets depuis 2006, dont seulement 4% sont revenus ensuite en France après avoir été traités par les Russes. L'ONG écologiste, qui a bloqué le 11 mars un train contenant de l'uranium appauvri en gare de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), réclame un moratoire sur l'exportation des déchets nucléaires...
Pour ou contre…
La résolution adoptée propose de limiter l'exportation de déchets nucléaires vers des pays tiers aux produits destinés à être recyclés et sous condition qu'ils soient réimportés dans l'UE. Quant aux exportations au sein de l'UE, elles ne devraient être autorisées que via des accords bilatéraux. Ces mesures constituent l'élément le plus controversé du texte, d'autant plus qu'elles s'opposent à un amendement.
• Le contexte : Plus d'un million de m3 de déchets nucléaires étaient stockés en France fin 2007, d'après le dernier rapport de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Un chiffre qui devrait doubler d'ici à 2030 pour atteindre 2,25 millions de m3, d'après les prévisions de l'agence. Les déchets dits « à faible ou moyenne activité » sont entreposés chez les producteurs (Areva, EDF), mais devraient être enfouis en France dans les prochaines années. Quant aux déchets de « haute activité », les plus radioactifs, ils sont conservés sur les sites de La Hague (Manche), Marcoule (Gard) et Cadarache (Bouches-du-Rhône). Ces déchets mettent des centaines de milliers d'années avant de se dégrader.
• Exportation des déchets radioactifs : La polémique sur l'exportation des déchets radioactifs a été relancée ces derniers mois par la diffusion sur Arte, en octobre 2009, du film "Déchets, le cauchemar du nucléaire". Les auteurs du film, qui ont suivi la trace d'un convoi de déchets nucléaires exportés par EDF en Sibérie, dans la région de Tomsk, assurent qu'environ 13% des matières radioactives françaises ne sont pas recyclées, mais entreposées en Russie dans le plus grand secret. Le ministère Écologie est favorable à l'ouverture d'une enquête interne au sein d'EDF.
• Réponse aux accusations de Greenpeace : Répondant aux accusations de Greenpeace, Areva a fait savoir que l'uranium appauvri est exporté vers la Russie pour retraitement et réutilisation dans les centrales françaises, car elle ne dispose pas aujourd'hui du procédé d'ultracentrifugation nécessaire à l'enrichissement de l'uranium. Un argument rejeté par l'ONG écologiste, qui conteste que l'uranium soit envoyé pour retraitement et soutient qu'il s'agit de « déchets nucléaires ». D'après Greenpeace, Areva et la société Urenco, spécialisée dans l'enrichissement de l'uranium, ont envoyé près de 140 000 tonnes de déchets nucléaires en Russie durant les quinze dernières années.Dont 33 000 tonnes depuis 2006
Que savoir sur les déchets radioactifs
Une substance radioactive est une substance qui contient des radionucléides, naturels ou artificiels, dont l’activité ou la concentration justifie un contrôle de radioprotection. Les déchets radioactifs ultimes sont des déchets radioactifs qui ne peuvent plus être traités dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de leur part valorisable ou par réduction de leur caractère polluant ou dangereux (Code de l’environnement, article L 542.1-1). Les radionucléides contenus dans les déchets radioactifs peuvent être d’origine artificielle, comme les césiums 137, ou naturels, comme le radium 226. Les caractéristiques radioactives des déchets sont : Le type de radionucléides contenus et les rayonnements émis (alpha, bêta, gamma), l’activité (nombre de noyaux d’atomes qui se désintègrent spontanément par unité de temps - s’exprime en Becquerel) ; La période radioactive (temps pour qu’un radionucléide diminue de moitié).