L’actu : 27 espèces d’orchidées sur les 160 présentes en France sont menacées de disparition à cause de la cueillette sauvage, de l’assèchement des marais et de la pollution des milieux naturels, selon une étude publiée le 6 octobre par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). La première analyse jamais réalisée sur le risque d’extinction des 160 espèces d’orchidées présentes en France métropolitaine montre que 27 d’entre elles sont menacées de disparition du territoire. Trente-six autres sont proches de le devenir sans une attention particulière portée à leur situation. Ce nouveau chapitre de la Liste rouge des espèces menacées en France est le fruit d’un travail commun mené par le Comité français de l’UICN, le Muséum national d’Histoire naturelle, la Fédération des conservatoires botaniques nationaux et la Société française d’Orchidophilie. De manière générale, le drainage des marais et des prairies humides entraîne le recul des espèces.
Une espèce sur six menacée en France
On estime que sur les 160 espèces d'orchidées présentes en France métropolitaine, 27 sont menacées de disparition et 36 sont proches de l'être si aucune mesure n'est prise pour les sauvegarder. Comme pour de nombreuses autres espèces, les activités humaines sont responsables..
• Assèchement des zones humides : Les milieux humides acides, et notamment les tourbières, sont l'habitat naturel de certaines orchidées telles que Hammarbya paludosa, aujourd'hui en danger. Ces biotopes très particuliers sont détruits, directement ou indirectement, par l'homme : assèchement de ces terres jugées improductives en vue d'une exploitation agricole, forestière ou pour en faire une zone constructible...
• Disparition des milieux "ouverts" : prairies, landes, friches... : De nombreuses orchidées ont besoin d'un milieu "ouvert", c'est-à-dire non boisé, où la végétation, basse et peu dense, leur permet de se développer sans être gênées par d'autres espèces. C'est notamment le cas de Anacamptis laxiflora et de Ophrys aymoninii, deux espèces considérées comme vulnérables. Or, ce type d'habitat tend à se raréfier avec la disparition du pastoralisme : lorsque moutons ne sont plus là pour tondre, les orchidées n'ont alors plus aucune chance d'y trouver leur place.
• Raréfaction des insectes pollinisateurs : Les insectes pollinisateurs, on le sait, sont indispensables au maintien de la biodiversité végétale, puisqu'ils interviennent dans la reproduction de bon nombre de plantes à fleurs. Sans eux, pas de pollinisation pour les plantes entomophiles... aux rangs desquelles les orchidées figurent en bonne place. Et, plus encore que d'autres espèces, les orchidées sont, de ce point de vue, particulièrement vulnérables, car elles sont polonisées par des insectes peu abondants. Si l'insecte disparaît, l'orchidée ne se reproduit plus.
Des orchidées victimes de leur succès
Enfin, certaines orchidées sont tout simplement victimes de l'intérêt que le public leur témoigne. Cueillette de fleurs spectaculaires qui faneront tristement dans des vases, prélèvements de plantes dans la nature dans l'espoir de les réimplanter au jardin (l'opération est vouée à l'échec !), autant de comportements inconscients ou irresponsables qui, en plus d'être illégaux (certaines espèces d'orchidées sont protégées et leur cueillette est donc interdite), sont responsables de la raréfaction de Ophrys speculum ou Cypripedium calceolus, pour ne citer qu'elles.
• Des milieux naturels transformés par les activités humaines : Plusieurs espèces souffrent de la "fermeture des espaces naturels", selon l’UICN. C’est le cas de l’Ophrys Aymonin (Ophrys aymoninii), espèce endémique de la région des Grands Causses (Midi-Pyrénées) aujourd’hui classée comme "vulnérable" car son habitat naturel a été transformé en plantations de conifères. La prolifération de végétaux aquatiques due à la pollution des espaces naturels et l’assèchement des marais met également "en danger" la survie du Malaxis des marais (Hammarbya paludosa).
• La cueillette sauvage et le piétinement : Les orchidées présentes sur le territoire français subissent également des "pressions de prélèvement dans leur milieu naturel", selon l’UICN. Il peut s’agir d’une cueillette sauvage, comme dans le cas du Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus) et de l’Ophrys miroir (Ophrys speculum), ou du piétinement par des sangliers, qui menace notamment l’Ophrys de Philippe (Ophrys philippi).