Belle et envoûtante, l’île de la Réunion échappe pourtant aux stéréotypes de la perle de l’Océan Indien, paradis du farniente sous les tropiques. Il fait bon se dépenser à la Réunion, marcher, rouler, nager, trotter, crapahuter, batifoler et lézarder. La Réunion, la bien nommée, est un creuset de sensations et mérite bien son surnom d’« île intense ». Sur ses 2500 km² de roche basaltique, l’île associe différentes visions du voyage, mêlant de multiples fantasmes entre une nature débordante et préservée, de l’eau douce en cascades, une terre rougie, brûlée, un paysage découpé, tailladé, fracturé, façonné par les caprices des volcans, des côtes aux pointes acérées ou aux plages édéniques, une flore abondante, des eaux apaisantes aux couleurs irréelles, des sourires venus de tous les horizons, un festival de parfums et de saveurs…La Réunion, la bien nommée, est un creuset de sensations et mérite bien son surnom d’« île intense ». Palmiers et palmistes, pieds litchis et goyaviers, cocotiers et arbres du voyageur, flamboyants et fougères arborescentes (appelées « fanjans »)…Tous ces arbres invitent à l’exploration des forêts touffues.
Une terre brute et authentique
Avant de s’attarder sur les côtes et les paysages hospitaliers de l’île, intéressons-nous à son côté plus tourmenté, mais pas forcément plus sombre. C’est un véritable « voyage au centre de la terre réunionnaise » qui nous attend. Pour se lancer, il faut s’enfoncer à l’intérieur des terres. A pied, en VTT ou à cheval, plusieurs parcours sont envisageables et proposés par les nombreux clubs de randonnée sur place. L’île est un terrain de jeu si riche en paysages bruts et accidentés qu’elle est candidate pour figurer sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses pitons, cirques et remparts. La première balade immanquable est l’ascension du Piton des Neiges, volcan bouclier qui a donné naissance à la Réunion et qui n’est plus en activité aujourd’hui. Culminant à plus de 3070 mètres d’altitude, il est le gardien paisible et imposant de l’île et attire de nombreux randonneurs. Nul besoin d’être un marcheur extrêmement expérimenté, mais il est cependant préférable d’avoir une certaine pratique car son ascension demande un effort soutenu. Les points de départ se situent tout autour du volcan, à Cilaos, Salazie et Hell Bourg et sur la Plaine des Cafres. L’accès à la bête se mérite : il faut compter par exemple pas moins de 6 heures de marche depuis Hell Bourg à travers la forêt de tamarins et de goyaviers pour atteindre le gîte de la Caverne Dufour. Ensuite, 2 heures supplémentaires sont nécessaires pour arriver au cratère après avoir bravé le sol rocailleux, la pierraille, les scories et un dernier raidillon. L’idéal est de partir du gîte 2 bonnes heures avant l’aube (et donc bien couvert et muni d’une lampe torche) pour profiter du spectacle une fois en haut. Là, c’est à couper le souffle.
Un milieu naturel unique
Si l’homme avait le pouvoir de retourner aux temps immémoriaux où la nature avait tous les droits, il retrouverait certainement le type de végétation luxuriante qui habille encore aujourd’hui la Réunion. Malgré la présence de l’homme, 30% du territoire est tel qu’il était lorsque l’île était inhabitée, chose qui, dans le monde actuel, est difficilement imaginable. Et bien cet endroit existe, un rêve de verdure pour les amateurs de botanique, les férus de sciences naturelles, les amoureux des arbres (les « pieds de bois ») et des fleurs que l’on retrouve un peu partout dans un panel d’écosystèmes différents qui forment une masse verdoyante mouchetée de couleurs vives. Classée « hot spot » de la biodiversité selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature et de ses Ressources, la Réunion porte la plupart des espèces végétales et animales classée sur l’ensemble des trois îles des Mascareignes qui arrivent au 25e rang mondial. Il existe un très grand nombre de forêts primaires et de jardins paysagers qui permettent de se rendre compte de l’extraordinaire richesse de l’île et de se laisser happer par tant de beauté. En voici quelques uns. Située sur la commune de Saint-Philippe au sud de l’île, la forêt de Mare-Longue s’étend sur une immense coulée de lave et abrite une grande variété de « Bois » pionniers et plus jeunes, de fougères de mousses vertes et colorées et d’orchidées. Cette végétation originelle est farouchement protégée par l’Office National des Forêts qui la préserve de l’homme. Au cœur de l’île, la forêt de Tamarins restée vierge.