Le Marais est considéré comme l’un des quartiers les plus vivants et les plus agréables de Paris. On y croise toutes sortes de badauds, touristes et parisiens, dans une succession de petites rues, de passages intimes, de places secrètes ou grandioses. La richesse du patrimoine historique de la capitale et les atmosphères bigarrées se mêlent et enchantent le piéton qui prend plaisir à s’y perdre. Plongez au cœur de Paris dans un tourbillon d’histoire et de tendances. Le Marais n’a pas toujours été cet endroit à la fois authentique et branché de Paris. Il doit bien son nom à une zone marécageuse située aux portes de la ville, de l’autre côté de la muraille édifiée par Philippe Auguste à la fin du XIIe siècle. Ce sont les moines templiers des grandes abbayes qui l’assèchent pour en faire une zone de cultures et de jardins et mettre en place les installations nécessaires à l’accueil des pèlerins. Il faut ensuite attendre Charles V au XIVe siècle pour que le Marais devienne le quartier royal (juste avant le Louvre), entre l’Hôtel Saint Pol (aujourd’hui le Village Saint Paul) et celui des Tournelles (la Place des Vosges), à l’intérieur de la nouvelle enceinte construite sous le monarque. Et c’est au XVIIe siècle que le quartier connaît son apogée. Il se pare alors de ses plus beaux hôtels particuliers, demeures des nouveaux riches de la finance. Mais ce déménagement entraîne le déclin du Marais, remplacées par une population laborieuse.
La mémoire dans la pierre
Partout où l’on pose les yeux dans le Marais, les faits marquants du passé se rappellent à nous. Les pierres de ses édifices dégagent une solennité et un prestige qui assoient son importance dans l’histoire de la capitale à mesure que l’on parcourt ses rues et ses passages. Flâner de part et d’autre de la rue Rivoli à la recherche des hôtels particuliers et des vestiges médiévaux est un bon moyen de se faire une idée de ce foisonnement culturel : quelques pierres datant des XVIe et XVIIe siècles, de très vieilles enseignes encore incrustées dans les murs (notamment celle d’un rémouleur à l’angle des rues de Fourcy et de Jouy), des restes de la muraille de Philippe Auguste dans les Jardins de Saint Paul...
• Un petit moment d’histoire : Après la Révolution, les nobles fuyant essentiellement en Angleterre, les hôtels particuliers (lorsqu’ils ne sont pas détruits) sont confisqués et utilisés comme bâtiments administratifs ou de service publique. Au sud, près de la Seine, les Hôtels de Beauvais et d’Aumont, qui abritent aujourd’hui rue François-Miron et rue de Jouy les antennes du tribunal administratif de Paris, révèlent les canons d’architecture du XVIIe siècle : c’est la mode « entre cour et jardin » qui est suivie, avec une entrée donnant sur une cour géométrique et symétrique desservant les communs de part et d’autre et le corps principal destiné aux maîtres donnant sur le jardin à l’arrière. Les façades portent les armes des propriétaires mais aussi des médaillons et des statues allégoriques représentant les éléments et les saisons.
• Maisons de Maitres : Si l’Hôtel de Beauvais détourne ces critères en brouillant les perspectives car sa propriétaire n’avait pas les fonds nécessaires, au Nord, l’Hôtel Lamoignon obéit à ces règles. Ancienne demeure de Diane de France, il abrite aujourd’hui rue Pavée la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris. Il est reconnaissable à ses deux anges au-dessus du porche tenant un miroir et un serpent, symboles de Vérité et de Prudence, deux qualités essentielles pour des magistrats tels que les Lamoignon, les derniers propriétaires avant la Mairie. Le Musée Carnavalet, consacré à l’histoire de Paris, a lui aussi élu domicile dans deux hôtels rue de Sévigné : l’Hôtel Carnavalet (du XVIe siècle), avec dans sa cour la statue de Louis XVI par Coysevox (la seule qui n’ait pas été fondue après la Révolution), et celui de Le Peletier de Saint-Fargeau.
• Place des Vosges : Enfin, point d’orgue d’un panorama historique du quartier, l’impressionnante Place des Vosges déploie ses charmes entre les rues Saint-Antoine, des Tournelles, de Turenne et Saint-Gilles. Autrefois Place Royale sous Henri IV (la première de Paris, construite à l’emplacement de l’Hôtel des Tournelles après la mort d’Henri II), c’est Napoléon qui la nomme ainsi pour remercier les Vosgiens, les premiers payeurs de son nouvel impôt militaire. Cette place carrée charme par ses édifices de pierre blanche et de briques rouges, son jardin central (Henri IV étant mort avant la fin de la construction, c’est une statue de Louis XIII qui y trône), et ses arcades qui hébergent aujourd’hui des cafés, des commerces de luxe et des galeries d’art. On y trouve également la Maison-Musée de Victor Hugo au n°6, et le magnifique Hôtel de Sully.