La Corse est une île qui se trouve au cœur du golfe de Gènes, dans la mer Méditerranée, et qui se situe à des latitudes sensiblement identiques à celles des Pyrénées et des Apennins d'Italie. Elle se trouve à 175 km de Nice, 14 km de la Sardaigne, 330 km de Marseille (d'où nous sommes partis en ferry), 260 km de Toulon, 190 km de Gènes, 115 km de Livourne. L'île est distante de 90 km du port italien de Piombino. Allongée sur un axe nord-sud, la Corse a une superficie de 8.722 km2, avec une longueur de 183 km et une largeur de 83 km ; elle est la plus petite mais la plus montagneuse des 3 grandes îles de la Méditerranée occidentale. Les montagnes sont omniprésentes et la Corse apparaît au premier coup d'œil comme une montagne dans la mer. Le point culminant, le Monte Cinto, atteint 2.710 m d'altitude, et les 50 autres sommets dépassent les 2.000 m, avec une altitude moyenne de 568 m. Ses cimes surplombent plus de 1.000 km de rivages. La côte Ouest, la plus belle, est exposée aux vents dominants, creusée de golfes profonds ; elle est la plus découpée. Le rivage Est, monotone, est occupé par la longue et plate étendue littorale de la plaine d'Aléria, ou plaine orientale que nous avons zappé allégrement pour nous cantonner dans les hautes et belles montagnes.
Ponts Génois
Les Pisans et les Génois ont colonisé la Corse pendant plusieurs siècles, et un grand nombre de ponts en pierre ont été construits au cours des deux périodes qui s'étendent du XIIIème au XVIIIème siècle. Ces ponts témoignent, par leur nombre, de la réorganisation économique dont l'île fut l'objet lors de la domination génoise ; en effet, ils ont été un élément fondamental de progrès et leur âge d'or correspond à une évolution économique où routes et ponts deviennent indispensables au transport des principales productions de l'île : le blé, le vin, l'huile d'olive et les châtaignes qui sont les bases de la nourriture et de l'économie de l'île. Dos-d'âne, arche unique et tablier étroit caractérisent les ponts génois ou pisans. Ce terme regroupe toutes les réalisations du XIIème au XVIIIème siècle. Mais c'est surtout au XVème siècle que, pour relancer l'économie insulaire et favoriser les échanges, l'administration génoise jeta nombre de ponts entre les communautés jusqu'alors isolées. Ces ouvrages n'ont plus à faire preuve de leur solidité ; abandonnés pendant des siècles, il leur fallut parfois suppléer un pont récent endommagé lors d'une crue. En effet, leur hauteur et leur position à un endroit large du cours d'eau sont calculées en prévision des crues parfois subites et violentes sous le climat méditerranéen. Au détour d'un sentier, leur orgueilleux dos d'âne perce soudain dans le maquis, et ces ouvrages donnent à la Corse intérieure l'une de ses plus belles touches de charme. Les ponts encore debout se révèlent des chefs-d'œuvre de technicité et d'élégance.
Tours Génoises
Édifiées aux 16ème et 17ème siècles, durant une période d’instabilité que connaît la Méditerranée et qui voit s’opposer le monde chrétien à la course barbaresque, ces tours génoises ont pour but d'offrir une protection contre les attaques de ces pirates. Patrimoine architectural, historique, pittoresque et légendaire, tels sont bien les principaux critères qui s’attachent à ces constructions. Dans le cadre somptueux de paysages minéraux, de côtes rocheuses, leur silhouette est souvent l’unique témoignage de l’intervention humaine. Elles deviennent aujourd'hui un symbole de la Corse, car elles sont partout, même s'il ne subsiste qu'une soixantaine d'édifices sur la centaine construite ; les plus beaux sites de l'île en sont tous pourvus, en particulier le Cap Corse (une trentaine). On peut les trouver au bout d'un cap hostile ou sur une montagne totalement recouverte de maquis ; elles sont belles et majestueuses et trônent fièrement. Leur état varie du très bon état à la ruine. On trouve davantage de tours rondes, aux contours moins vulnérables à l'artillerie marine, que de tours de forme carrée. Ces "vigies" côtières abritaient une garnison de 5 à 6 hommes, qui devaient donner l'alarme à l'approche de toute voile suspecte. Deux types de signaux étaient utilisés en cas d'alerte : un grand feu visible de très loin ou le son du Culombu (grande conque marine) entendu à des miles alentours. Bien que nullement unifiée, l'architecture de ces tours semble cependant s'accorder sur une hauteur variant de 12 à 17 m et un diamètre compris entre 8 et 10 m.