Tiens, une spatule blanche, une oie cendrée, une grande aigrette… Les plumes défilent devant vos yeux, vous êtes en baie de Somme. Profitant de la marée basse, pieds dans le sable, vous pouvez admirer le ballet céleste des oiseaux migrateurs qui apprécient tout particulièrement ce lieu naturel préservé des tentacules urbains. Vous aussi vous vous y plairez, c’est sûr… La baie de Somme, c’est cette vaste étendue sableuse qui s’étend de la pointe de St-Quentin-en-Tourmont au Nord jusqu’à la pointe du Hourdel qui ferme l’intrusion aqueuse au Sud. C’est cette surface de plus de 7 000 hectares qui vit au rythme des marées et qui recueille les flux des estuaires de la Somme et de la Maye. Sur cette terre meuble et capricieuse, les touristes doivent choisir le bon moment pour pouvoir s’y balader et côtoyer les phoques et les oiseaux migrateurs coutumiers du site. Ils pourront alors partir entre Saint-Valery-sur-Somme et Le Crotoy, les deux localités qui méritent de petites haltes paisibles avant de s’échouer au Parc ornithologique de Marquenterre, pour finir de s’enivrer de nature en beauté. Tout le monde vient s’y reposer : la mer, les oiseaux et même… vous ! C’est la baie de Somme, cette gigantesque étendue sablonneuse perlée de villages traditionnels et de petits ports de pêche.
St-Valery-sur-Somme, charme médiéval et tradition
Le nom lui-même de ce village samarien reflète son riche passé médiéval. Il dérive de « Gualaric » qui évangélisa la région en 611. Walaric, Walric et enfin Valery ; l’usage a déformé le nom primitif en vocable beaucoup plus moderne qui occulte alors le versant historique de St-Valery...
• Saint-Valery au fil des siècles : Guillaume de Normandie, plus connu lorsqu’il est dénommé « conquérant », a par exemple, pris son élan sur la terre de St-Valery pour entamer son assaut vers l’Angleterre en 1066. Par la suite, au XIe siècle, période où il faisait bon se protéger, la fortification de la ville commence. Remparts massifs en pierre et portes haussées de créneaux et cernées de tours enceignent les habitants dans un étau protecteur et rassurant. Du XIVe au XVIIe siècle, le souci protecteur se convertit en obsession commerciale. Le sel exalte la ville et les pêcheurs la colonisent pour y construire leurs petites maisons et y ranger leurs embarcations. La ville basse se développe alors et devient le quartier des marins, appelé aussi « courtgain » en raison de la précarité des pêcheurs aux approvisionnements alimentaire et financier.
• La ville haute : Dans cette esplanade urbaine qui domine la baie et en offre un bel aperçu surplombant, n’hésitez pas à parcourir les pavés des rues étroites pour découvrir des restes de remparts. Les vieilles portes rappellent elles-aussi à l’ordre le promeneur qui a oublié que St-Valery ne date pas d’hier. Après la porte de Nevers à l’Est (XVIe siècle), glissez le long des murs tigrés (alternance de silex noir et de grès) de l’église St-Martin pour rejoindre un peu plus haut, à l’Est, la plus ancienne des entrées de la vieille ville : la porte du Haut, dite aussi porte Jeanne d’Arc ou encore, pour plus de choix, porte Guillaume. Deux petites tours à créneaux l’encadrent et remplacent le pont-levis qui faisait la valeur de la porte précédente. Avis aux amateurs de jardins et de plantes : retardez un peu la descente pour aller faire un petit tour à l’Herbarium des Remparts.
Le parc du Marquenterre
On ne peut pas passer en baie de Somme sans aller rendre visite aux oiseaux qui font halte au parc de Marquenterre avant de reprendre leurs épuisantes migrations vers le Sud. Le parc, situé à 15 km du Crotoy à peine et près de St-Quentin-en-Tourmont, est un incontournable de la région. Il est classé réserve naturelle depuis 1994. Ses dunes, pinèdes et garennes s’étendent sur 200 hectares et attirent les plus beaux oiseaux dont les races défilent au fil des saisons (canard pilet ou siffleur, oie cendrée en février, cigogne blanche en avril, petits échassiers et grande aigrette en juillet, vanneau huppé en octobre par exemple). À l’origine, la réserve naturelle n’avait pas vocation à accueillir la faune mais se prédestinait plutôt à la flore. En 1923, Henri Jeanson, industriel parisien achète 1 000 hectares de sol sablonneux pour récolter des oignons à fleurs. Le projet prend de l’essor et commence à se développer. L’idée de construire un polder (terre conquise sur la mer par endiguement ou assèchement) germe même pour étendre l’exploitation mais se heurte à l’arrivée des hollandais. Du coup, le site se tourne vers les oiseaux.