Île-mère de l’archipel indonésien, Île de feu selon la formule d’Alexandre Dumas, Java berce l’imaginaire occidental de rêves exotiques. Si les jungles légendaires qui subjuguèrent jadis les voyageurs européens ont hélas presque disparu, les sommets de ses volcans aux fumées inquiétantes enveloppent encore les lieux de magie. Java, c’est l’île-capitale, l’île de référence qui donne encore le tempo à tout le reste de l’archipel. Elle est bien plus peuplée, mais aussi bien plus belle qu’on ne l’imagine... L'or et la poussière, le tiers-monde et le XXIe siècle ! Jakarta, la capitale de l'Indonésie est la première agglomération d'Asie du Sud-Est par son nombre d'habitants, dont on prévoit une croissance effrénée dans les prochaines années. Située à l'extrémité nord-ouest de Java, étalée dans une plaine marécageuse et alluviale, Jakarta se termine face à la mer sur un étrange réseau de canaux inondables de l'époque coloniale. Elle compte parmi les cités les plus polluées d'Asie.
Jakarta
À Jakarta, l’Asie du 21e s. cohabite avec la misère, les centres commerciaux aux enseignes de luxe avec les kampung, ces quartiers populaires labyrinthiques… La capitale de l'Indonésie est devenue, en 50 ans, une mégapole de plus de 10 millions d’habitants, polluée et bruyante, s’agrandissant sans mesure, laissant paraître les plus violents contrastes, et suscitant donc fascination : du marché au poisson au quartier chinois, du Hard Rock Café aux gratte-ciel futuristes, il faut s’y laisser étourdir… sans oublier de goûter au rythme endiablé de ses nuits.
• Petit rappel historique : En 1526, les Portugais de Malacca s’allient avec un prince hindouiste pajajaran de la côte nord de Java. En échange du droit d’escale au port de Sunda Kelapa, ils le débarrasseront de son voisin musulman de Demak. Mais ils sont vaincus par le sultan Fatahillah, qui rebaptise Sunda Kelapa « Jaya Karta » (« Victoire totale ») en 1527. Installés à Banten dès 1596, les Hollandais établissent leur principal comptoir à Jayakarta pour en évincer Portugais et Anglais en 1619. Jayakarta devient alors Batavia, capitale coloniale irriguée de canaux.
• La ville aujourd’hui : La population de la Région spéciale (DKI) de Jakarta atteint douze millions d’habitants. En 2010, la conurbation Jabotabek (Jakarta-Bogor-Tangerang-Bekasi) comptera 23 millions d’habitants. Installée dans la plaine côtière, l’agglomération occupe 700 km2 du nord-ouest de Java. Elle conserve pourtant un visage semi-urbain, où les gratte-ciel du centre-ville ne sont pas si éloignés des rizières, les quartiers les plus vivants sont intriqués avec ceux des ministères et des ambassades, et les zones résidentielles sont restées des villages.
Java-Ouest, au sud de Jakarta
Très verts, les premiers contreforts du massif volcanique du Priangan sont faciles à découvrir de Jakarta, pour la journée. Au-delà, la côte sud de Java, toute proche, est paradoxalement peu connue. L’eau est partout : la plupart des noms de village (Cinere, Cibodas...) commencent par ci, qui veut dire « eau » en sundanais. Pelotonnée au pied du Gunung Salak, l’ancienne « Buitenzorg » des Hollandais fut longtemps un lieu de villégiature. On peut visiter un musée zoologique, centré sur un squelette de baleine bleue et une belle collection de serpents venimeux.
• Kebun Raya (le jardin botanique) : Conçu dès 1811 par Sir Thomas S. Raffles, futur fondateur de Singapour, réalisé en 1817 par le botaniste hollandais Casper Reinwardt, ce parc botanique de plus de 87 ha est un sanctuaire pour plus de 14 000 espèces de plantes rares du monde entier. Des nénuphars géants aux « oreilles-d’éléphants », on circule le long d’allées gorgées d’humidité sous les ficus et les banyans comme dans une cathédrale de verdure. On peut y pressentir la diversité végétale qui se cache en Indonésie, derrière des palmiers ou orchidées.
• Pelabuhan Ratu : Peu de plages de Java sont accessibles aux baigneurs. La côte nord est marécageuse et la côte sud recèle trop de courants violents sous ses falaises... Sauf autour de Pelabuhan Ratu (à 90 km au sud de Bogor), port de pêche où les plages s’étirent entre des promontoires rocheux. Prudence, toutefois : ici naquit Nyai Loro Kidul, la reine ogresse des mers du Sud. Une chambre lui est réservée en permanence dans un hôtel de la ville... Noyée en allant récupérer son miroir dans l’océan, elle cherche depuis à nuire aux nageurs audacieux.