« La province chinoise du Yunnan est incontestablement l’un des pays les plus pittoresques du globe », lit-on, dans les années 30, sur les dépliants de la Compagnie française des chemins de fer de l’Indochine et du Yunnan (CIY), créée le 10 août 1901 pour relier Hanoi à Kunming. La CIY avait besoin de rentabiliser la voie ferrée la plus coûteuse du monde, mais sa réclame était fondée car, ce qui attend le voyageur au « sud des nuages », c’est une anthologie de paysages des marches tibétaines aux portes du monde thaï. Jadis lieu d'exil pour les dignitaires tombés en disgrâce, le Yúnnán (Yunnan) possède une fascinante diversité de paysages et de populations qui en fait une destination de rêve pour les voyageurs. Si vous ne devez explorer qu'une province chinoise, choisissez le Yúnnán. Plus de la moitié des minorités ethniques du pays résident dans la région, qui offre un exceptionnel aperçu de la mosaïque culturelle chinoise. La nature est tout aussi variée, avec des jungles impénétrables coupées par le Mékong au Sud, des rizières en terrasses dans le Centre et le Sud-Est, et de vertigineuses montagnes enneigées aux abords du Tibet. Vous pourrez transpirer sous les tropiques, frissonner dans l'Himalaya et découvrir entre les deux d'anciennes cités...
Kunming, une cité bien tempérée
Longtemps reléguée comme une lointaine agglomération provinciale, Kunming est désormais une métropole qui rime avec aisance sur dynamisme économique et pôle culturel. Atout majeur, sa tempérance : dans la « cité de l’éternel printemps », des étés frais succèdent à des hivers cléments. Le 1er et le 15 de chaque mois lunaire, une foule nombreuse vient brûler de l’encens au temple Yuantong. Au bout de l’allée de cyprès, un pavillon est posé sur l’eau devant une salle sculptée à profusion. Même restauré par Wu Sangui, général qui pacifia le Sud sous les Qing, le temple bouddhique garde la sobre élégance de sa fondation au VIIIe siècle. Plus au sud, en longeant la rue Guanghua, encore bordée de quelques façades en bois, on débouche sur le marché des amateurs d’oiseaux chanteurs et des collectionneurs de poissons d’or.
• Les berges du lac Dian : « Mer de nuages, forêt de pierre », dit une stèle du XVIIe siècle des panoramas des monts de l’Ouest (à 17 km à l’ouest de Kunming). Au temple du Pavillon majestueux, le jardin est tout embrumé d’encens. Le lac Dian est doté d’une longue histoire. À l’époque des Royaumes Combattants, un royaume Dian était établi dans cette région. Sur les eaux claires du lac, ondulant sous l’effet du vent, naviguent des bateaux à voile. Le lac a l’air d’une perle scintillant au creux des montagnes, qui s’y reflètent, de même que le ciel.
Toutes les clés des peuples du Yunnan
Elles sont au Musée ethnographique (à 10 km au sud-ouest de Kunming. Ouvert du mardi au dimanche de 9 h à 17 h. Entrée payante). Textiles et travaux d’aiguilles, totems et tabous : pour tout savoir sur les Sani, les Yi, les Hani, les Dai, les Bai et les Naxi. Il y a deux cent soixante-dix millions d’années, la forêt de pierre gisait sous la mer. L’érosion en a fait un dédale de roches étranges, de reliefs chaotiques, d’aiguilles et de drapés. Toutes affublées de noms comiques ou poétiques, ces curiosités naturelles, qui font du site le plus fréquenté de ceux du Yunnan.
• Jianshui, microcosme d’architecture chinoise : Au XIVe siècle, les impériaux firent de Jianshui une importante garnison sur la route du Viêt-Nam. Ses remparts ont disparu, mais la Porte face au soleil garde encore l’entrée est de la cité. Au fil des rues resurgit le passé intact de la colonie chinoise : les jardins de la Famille Zhu dont galeries et portes desservent 42 cours, un majestueux temple des Lettrés dédié à Confucius en 1325, le plus grand conservé en Chine, et encore quelques détails, linteaux sculptés ou façades en bois. Encore 13 km, et c’est Tuanshan...
• Et l’eau sculpta la pierre : Cônes, cheminées de fées, aiguilles rocheuses, pitons solitaires, troupeaux de collines ou forêts de pierre, toutes ces fantaisies calcaires sont nées de la mer. Il y a des millions d’années, la sédimentation marine a laissé en Chine du Sud une couche épaisse de dépouilles de coquillages, fracturée par les mouvements de la croûte terrestre. Au retrait de la mer succédèrent l’érosion par les eaux pluviales et la dissolution par les rivières souterraines, creusant un fantastique réseau de grottes et de cavernes. Les géologues les nomment karst.