Entourant un beau lac naturel, les rues de Kyaingtong font alterner pagodes et vieilles façades coloniales, témoins de la présence britannique à la fin du XIXe siècle. Majoritairement shan, la ville est environnée de villages lahu, akha et wa ces derniers étant connus sur la scène internationale pour leur participation à l’exploitation et à la vente d’opium en provenance du Triangle d’or. Ce voyage vous conduit hors des itinéraires habituels, en traversant des paysages magnifiques ponctués de hauts-lieux culturels. Et la possibilité de franchir les contreforts himalayens avant de traverser d’un bout à l’autre une terre aussi secrète que la Birmanie représente une expérience tout à fait hors du commun. Vous suivrez cette route qui serpente dans les montagnes en longeant les rivières et qui était autrefois la voie empruntée par les caravanes de la soie et du sel.
Vers le Triangle d’or : Kyaingtong
En effet, sous ses airs charmants de petite ville endormie, Kyaingtong cache une redoutable puissance : la triple frontière Birmanie-Thaïlande-Laos, cœur du tristement célèbre Triangle d’or, est à 160 km au sud, et la Chine à 90 km au nord. Voie royale vers les champs de pavot, la route mal pavée de Kyaingtong regarde passer les caravanes d’opium à destination de la Chine et de la Thaïlande, d’où, raffiné en héroïne, le fruit des graines de poppy prend le bateau pour Hong-Kong, l’Europe et les Etats-Unis. Ironiquement, c’est Rangoon qui accueillit, en l’an 2000, le sommet d’Interpol pour la lutte contre les narcotiques, alors que la Birmanie dispute à l’Afghanistan la place de premier fournisseur mondial en opiacés. Connu en Mésopotamie dès le IVe millénaire avant J.-C., le pavot est vanté par le Grec Hippocrate pour ses vertus médicinales.
Kalaw et ses alentours
Kalaw est un bon point de départ pour des randonnées de deux à huit jours à travers des forêts de pin, de bambous géants et d’eucalyptus, vers les villages des peuples montagnards qui habitent la région et côtoient l’ethnie majoritaire des Shans : Palaung, Pa-O, Danu ou Népalis, descendants des soldats gurkha recrutés par les armées britanniques des Indes. Que l’on choisisse la marche à travers champs et forêts ou que l’on prenne la route qui serpente entre les collines, le trajet entre Kalaw et Pindaya est réputé être l’un des plus beaux du pays.
• Pindaya : 8 000 bouddhas dans les grottes : Un ascenseur vitré accroché au flanc de la falaise, c’est l’image surréaliste que l’on a en arrivant aux grottes… L’entrée de cette série de cavités naturelles, qui se succèdent en enfilade dans la roche calcaire, se trouve en effet à 20 m au-dessus du sol, et les autorités ont jugé que, si les 200 marches de l’escalier couvert convenaient aux pèlerins, il fallait plus de confort aux étrangers… Dans ces grottes qui auraient près de 200 millions d’années, 8 000 statues du Bouddha s’amassent dans des niches.
• Le retour au pays sacré : Une statue ancienne du Bouddha surnommée « le retour au pays sacré » fait la gloire de l’une des pagodes de Kalaw ; on en voit l’équivalent dans plusieurs pagodes de Rangoon et du centre du pays. La statue, enlevée par les Britanniques au XIXe siècle, avait été emmenée en Angleterre. Durant la colonisation, des effigies du Bouddha, mais également des cloches de bronze, furent ainsi « enlevées par les hommes blancs qui nous ont pris notre roi et qui dirigent maintenant notre pays », comme le disaient alors les Birmans.
Vers Rangoon : Toungoo
C’est le meilleur endroit pour une étape d’une nuit sur la route de Mandalay. Ville de taille moyenne vivant du commerce du teck exploité sur la chaîne montagneuse des Bago Yoma, Toungoo fut pourtant la capitale durant la dynastie de Konbaung, de sa fondation, en 1510, jusqu’en 1636, date à laquelle Inwa, près de Mandalay, la remplaça. De ses fastes anciens, seuls demeurent visibles les restes des remparts et des douves protégeant la cité. Deux pagodes (entrée libre) offrent des oasis de calme à quelques rues du marché central : Shwenandaw, petite sœur de la Shwedagon de Rangoon, et Myazigon, où sont peints les portraits des anciens rois de la ville. Les murs bleu pastel des mosquées, une église baptiste à l’entrée de la ville, les façades surchargées de divinités d’un temple hindou : Toungoo porte les marques d’une sereine cohabitation.