Cœur historique et religieux du pays, la plaine de Pagan fut le berceau de deux grands courants de civilisation : celle, fort ancienne, des Pyu, dont l’histoire a conservé peu de traces, et celle des Birmans, à qui Anawratha, le grand roi bâtisseur, conféra son heure de gloire au XIe siècle, lorsqu’il lança, sous le signe du gigantisme, la campagne de construction des plus vastes fondations bouddhiques jamais imaginées. Pagan est un lieu magique, il suffit de grimper sur l'un des 2 000 temples du site au coucher du soleil, pour comprendre. Quiconque a passé ne serait-ce que quelques jours en Birmanie a pu assez rapidement remarquer que le bouddhisme est profondément ancré dans la culture de ce pays. Les pagodes y sont légion ainsi que les bouddhas géants couchés. Mais rien ne prépare vraiment le visiteur non averti à la surabondance, on pourrait même parler de débauche, de pagodes à Bagan. Où que porte votre regard, il n’y a que ça, des pagodes, toujours des pagodes, encore des pagodes. Des plus de 4 000 pagodes, temples et stûpas construits entre le XIe et le XIIe siècle, un nombre suffisant a survécu pour nous permettre de savourer ce patrimoine architectural fabuleux. Bagan offre un vrai spectacle à chaque heure du jour, un choc artistique...
De Rangoon à Pagan
Située sur l’Ayeyarwaddy, à mi-chemin entre haute et basse Birmanie, Pyay, ancienne Prome, vit essentiellement du commerce fluvial, dont l’essor remonte à la colonisation britannique. Dans les régions libres d’accès, vous bénéficierez d’une étonnante liberté. Aucun itinéraire ne vous est imposé, et vous pouvez vous organiser au fur et à mesure en optant pour le bus, l’avion ou le train, un pick-up bondé ou un ferry.
• Pagode Shwesandaw : Bâtie sur une colline au cœur de la cité, elle dresse son stupa à 60 m de hauteur. On accède à la plate-forme par un ascenseur. Tout autour du stupa d’or, des salles de repos accueillent les pèlerins ; dans d’innombrables petites chapelles, on prie, qui un saint personnage bouddhiste, qui un esprit protecteur. Le festival de la pagode se tient à la pleine lune de novembre. C’est le temps de la fête des Lanternes, où des milliers de lumières commémorent le retour sur terre du Bouddha et la fin des trois mois du carême bouddhique.
• Sri Kshetra : l’âge d’or des Pyu : La dernière capitale des Pyu aurait été fondée vers le Ve siècle, peu après la chute de Beikthano. Les Pyu occupèrent la région jusqu’au IXe siècle, époque à laquelle la montée en puissance des Môn mit un terme à leur civilisation. Trois grands stupas du VIIe siècle témoignent de leur histoire. Le plus connu, de la forme d’un œuf de 50 m de haut, se trouve juste à la sortie de Pyay, sur la route de Sri Kshetra. Plus difficile d’accès, une grande tour cylindrique présente une forme que l’on ne retrouve pas dans l’architecture birmane.
• Des bâtisseurs venus d’Inde : Sri Kshetra est le nom sanscrit d’une ville que l’on trouve parfois sous le nom de Thayekhettaya. Comme celui de Beikthano, son nom rappelle l’influence qu’eut la culture hindoue sur celle des Pyu. Des formes architecturales semblables à celles qui existent sur les côtes indiennes de l’Orissa, des représentations brahmaniques dans la statuaire, les noms indiens que portaient les rois pyu, tels qu’on a pu les déchiffrer sur leurs urnes funéraires : éléments qui corroborent la thèse selon laquelle les Pyu seraient venus des confins du Bengale.
Pagan
Sur plus de 40 km2 d’une terre aride, où seuls les cactus et les palmiers à sucre amènent une touche de verdure, la zone archéologique de Pagan regroupe quelque 2 000 temples et pagodes encore debout, sur les 6 000 que compta le site jusqu’au XVIIIe siècle (4 millions, dit la légende) - parmi lesquels de nombreux monastères de teck qui, au fil des incendies et des moussons, furent anéantis. Les monuments les plus importants furent bâtis entre les XIe et XIIIe siècles. C’est au roi Anawratha (règne 1044-1077), premier unificateur du pays et instigateur du bouddhisme du Petit Véhicule comme religion officielle, que l’on doit les vrais débuts de cette pharaonique entreprise de construction. L’empire de Pagan, après plus de deux siècles de conquêtes et de gloire, sombra sous les coups des envahisseurs mongols de Kubilaï khan, en 1287. L’ensemble de la zone, qui n’a d’équivalents au monde que les sites de Borobudur, en Indonésie, et d’Angkor Wat, au Cambodge.