De mercenaires portugais en marchands indiens, aux marches de l’Inde et pratiquement coupé du centre de la Birmanie, l’Arakan s’est bâti comme une place forte aux remparts naturels, entre montagnes et rivières. Nouvelle destination touristique depuis que l’avion puis, en l’an 2000, la route l’ont quelque peu désenclavé, l’Arakan demeure mal connu : même si la région s’est « rapprochée » de Rangoon, seuls la visitent ceux qui restent au moins trois semaines dans le pays. Les nostalgiques continuent de l’approcher comme jadis : par une semaine de bus dans les montagnes et de bateau-cargo sur les eaux du Bengale. Si Bagan est le site incontournable de la Birmanie, d'autres sites moins connus car difficiles d'accès n'en demeurent pas moins impressionnants. C'est le cas notamment de Mrauk-Oo, capitale de l'ancien royaume d'Arakan. Oo sont moins hauts et moins anciens que ceux de Bagan, et construits non pas en briques mais en pierres. Parmi les monuments incontournables, citons Shittaung, le temple de 80 000 Bouddhas, le temple de Dukhan Thein, les Cinq Pagodes (Les Manaung), le grand stupa Ratanabon...
L’Arakan des capitales anciennes
À l’ouest de la Birmanie, dans la province de l’Arakan, les ruines de l’ancienne cité médiévale de Mrauk U, site archéologique plus tardif et moins connu que Pagan, méritent largement le détour quand la saison le permet. On y accède par la rivière. L’ancien royaume d’Arakan que vous découvrirez au cours des premiers jours de votre voyage se situe sur la côte occidentale de la Birmanie, près de la frontière du Bengladesh.
• Sittwe : On ne reste souvent que quelques heures, une journée au plus à Sittwe, le temps qu’arrive le bateau pour Mrauk-U. En quelques heures pourtant, la capitale administrative de l’Arakan donne la mesure de ses différences d’avec les autres régions : ses habitants ont un type indien nettement plus marqué ; les paya deviennent praya : l’accent se fait plus rugueux et les « r » roulent là où ils ne sont ailleurs que de pâles « y » ; dans la ville, on aperçoit les murs vert pastel avant les stupas des pagodes, les longyi des femmes se parent de couleurs plus vives.
• Temples-forteresses de Mrauk-U : Si Mrauk-U fut fondée au XVe siècle, le XVIe siècle consacra son âge d’or, avec le règne de Min Razagri. Plus tard, même lorsque les Britanniques lui préférèrent Sittwe comme capitale régionale, le prestige et la gloire de Mrauk-U restèrent inégalés dans l’Arakan. Aujourd’hui, Mrauk-U abrite encore plusieurs dizaines de fondations religieuses en bon état de conservation. Au petit matin, les bœufs attelés s’en vont vers le travail des champs ; des jeunes filles portant sur la hanche une jarre se dirigent vers le puits le plus proche.
• Shittaung, le temple de 80 000 Bouddhas : Ses murs épais en grès noir, ses couloirs labyrinthiques, ses salles où seules de rares et étroites fenêtres ouvrent sur l’extérieur sont caractéristiques du style de Mrauk-U et marquent nettement la différence avec les briques rouges et les formes plus élancées de Pagan. Forteresse pour protéger le roi et sa Cour en cas d’offensive étrangère... Salles de méditation retirées du monde... Les historiens penchent pour la seconde hypothèse. Shittaung, le « temple des 80 000 bouddhas », reste le plus imposant.
L’Arakan des plages
Côté plages se révèle l’autre visage de l’Arakan, moins austère, plus riant, jusque dans ses couleurs : aux pierres gris-noir des temples-forteresses de Mrauk-U succède un mélange étincelant de sable clair et d’eaux turquoise. Longtemps domaine réservé des élites du pays, qui s’y firent bâtir de somptueuses villas, les côtes du sud de l’Arakan ont vu se construire, depuis quelques années à peine, des hôtels habilités à recevoir les étrangers. On appréciera quelques jours de farniente et de détente après un voyage où, en attendant que se développe un tourisme de nature, temples et pagodes constituent l’essentiel du programme des visites. Géographiquement, l’Arakan est une bande de plaines côtières dominées par des montagnes et collines situées assez proches de la mer, traversées par des centaines de fleuves, parfois très courts mais larges. Fortement irrigué par les limons de ces cours d’eau et les précipitations, c’est un pays de cocagne du point de vue agricole. Les Chin Hills, c’est à dire les chaînes de montagnes et collines de l’Etat Chin, au Nord, sont traversés par des centaines de fleuves irriguant l’Arakan.