Offrant aussi bien des villes et des temples faciles d'accès que des parcours aventureux, le Nord-Ouest du Cambodge s'étend autour du lac Tonlé Sap, de la ville de Poipet, à l'ouest, jusqu'aux territoires sauvages de la province de Kompong Thom, à l'est, et des monts Dangkrek (Chuor Phnom Dangkrek), au nord, jusqu'à la chaîne des Cardamomes, au sud. Les plaines et les jungles isolées du Nord-Ouest recèlent certains des temples les plus extraordinaires du pays. Auparavant épouvantables, les routes qui mènent au fabuleux prasat Preah Vihear, inscrit au patrimoine mondial, et à Koh Ker s'améliorent lentement, tandis que Banteay Chhmar, bien placé pour figurer aussi au patrimoine mondial, offre un programme innovant de séjours chez l'habitant. Les routes qui desservent le Preah Khan, immense temple nimbé de mystère, restent inondées durant la saison des pluies. Le Nord-Ouest se distingue aussi par ses vastes espaces sauvages, pour la plupart à l'écart des sentiers battus.
Les mines, encore et toujours
On croisera souvent, sur les routes autour de Battambang, les équipes cambodgiennes de déminage, reconnaissables à leur salopette vert vif. L’une de leurs tâches prioritaires est de « nettoyer » les abords des grands axes routiers, afin que les bulldozers qui remettront ces routes en état puissent travailler sans risques. Mais leur programme à long terme est bien plus vaste. Des régions entières du Cambodge rural sont encore infestées d’engins explosifs non désamorcés et les accidents, touchant notamment des enfants, sont encore quasiment quotidiens.
• Battambang : Deuxième ville du pays après Phnom Penh, « capitale » de la province du même nom, Battambang est une agglomération étendue, plaisante et aérée en bordure de la rivière Sangke (ou Sangkei). Elle doit sans doute à sa fonction passée de principal quartier général de l’insurrection khmère rouge, de nombreuses années durant, d’avoir paradoxalement assez peu souffert dans sa structure des destructions de la guerre civile. L’essentiel de son architecture coloniale française, au sein d’un plan urbain « en damier », est resté préservé.
• Phnom Sampeu : La « colline du Sampan », ainsi nommée d’après une vieille légende khmère mettant en scène un roi et son navire, un sampan, dans son combat contre un crocodile géant, s’élève sur la route (épouvantablement défoncée) qui mène à Pailin, vaste falaise tranchant abruptement sur la plaine parfaitement plate qui s’étend alentour. La colline est visitée pour la pagode qui s’érige à son sommet, mais surtout pour ses nombreuses grottes. Presque toutes abritent des représentations de Bouddha, de petits autels ou des témoignages de foi religieuse.
• Pailin : Au pied des derniers plissements du massif des Cardamomes (qui peuvent faire l’objet d’une petite excursion), et à une vingtaine de kilomètres seulement de la frontière thaïlandaise, la ville de Pailin fut pendant très longtemps une place forte inexpugnable des forces des Khmers rouges - et, de ce fait, pratiquement inaccessible aux voyageurs sans de solides protections. Une particularité d’ailleurs toujours d’actualité, puisque les mêmes Khmers rouges sont encore sur place : ils ont tout simplement fait allégeance aux autorités de Phnom Penh.
Kompong Chhnang
Dans la province du même nom, c’est un port de pêche fort actif sur la rivière Tonlé Sap, un peu en aval du grand lac dont elle est tributaire et auquel elle emprunte son nom. Pas de site touristique majeur ici, mais l’ambiance de la ville est plaisante. On peut passer un moment agréable sur le quai du port où accostent toutes sortes d’embarcations, à observer la vie fluviale, et, le cas échéant, louer un bateau pour quelques heures de promenade en direction du lac. La campagne des environs de Kompong Chhnang est également fort jolie. On y croise fréquemment des charrettes de marchands ambulants de poteries de toute taille, qui attendent patiemment le client de passage abrités sous leurs kramas. Le travail des potiers est en effet l’une des grandes spécialités de la province (Chhnang signifie « casserole » ou « marmite »), réputé dans tout le Cambodge. On le voit absolument partout au Cambodge : le krama est le foulard traditionnel en coton léger que chaque Cambodgien utilise à un moment ou un autre de la journée. Et pour cause, car il sert à tout : à s’abriter du soleil, à s’en vêtir comme d’un pagne.