Les autochtones de l’altiplano n’ont jamais été réellement attirés par les hauteurs de la cordillère des Andes. La mythologie andine, transmise de génération en génération et toujours aussi présente dans les croyances populaires, a fait des montagnes de la cordillère des Andes des personnages sacrés qu’il faut respecter, des voisins qui méritent l’offrande. Pendant qu’une divinité construit, une autre casse avec la même ardeur. "Wira" choisit les pierres pour édifier les montagnes, "Kjuno" les avalanches et les glaciers, pour les détruire. A l’issue des grandes guerres, les Dieux se rendirent compte de la beauté des Andes, et les transformèrent en de splendides pics de roche et de glace, dominant de leur tête le monde des hommes. Pourquoi ces "gringos" un peu fous s’aventurent dans les replis de ces montagnes et parfois jusqu’à leur sommet ? Forcément, ils vont y chercher de l’or mais ils n’en parlent à personne... Combien d’hommes et de femmes rêvent de randonner au milieu des glaciers ou de gravir un 6000… Ici, les inaccessibles sommets sont tout près, à quelques heures de piste de la capitale.
Cordillère Royale
Observés depuis les eaux tranquilles du lac Titicaca, les sommets agissent comme de véritables aimants. Méthodiquement alignés, ils forment une extraordinaire muraille, suite ininterrompue de sommets enneigés à plus de 6000 mètres d’altitude. Et constituent sans doute l’une des plus belles merveilles naturelles d’Amérique du Sud. Pas étonnant, au fond, que les premières civilisations décidèrent de s’installer durablement à ses pieds. Malgré ce proverbe aymara, ethnie indienne prédominante dans cette partie des Andes depuis plus de 1000 ans, les autochtones de la Cordillère Royale (nommée ainsi par les Espagnols) n’ont jamais été énormément attirés par les hauteurs. Même aujourd’hui, rares sont les Boliviens que l’on rencontre en haute altitude. La montagne demeure une divinité qu’il faut respecter, un voisin qui mérite des offrandes.
• Cordillère Royale, baptisée ainsi par les Espagnols : Pourtant, la cordillère Royale, baptisée ainsi par les Espagnols, regorge de chemins pavés incas. Il n’est pas rare, aujourd’hui encore, d’en découvrir certains non répertoriés par les guides. Toutefois, un doute subsiste, chemin inca ou tiwanakota ? En effet, l’empire de Cuzco rayonna seulement deux cents ans au cours desquels les Incas ont assimilèrent les techniques.
• L’Altiplano et les Yungas : Il ne reste cependant aujourd’hui aucune trace d’éventuelles ascensions des Incas dans cette cordillère et ces farouches guerriers n’ont certainement même jamais atteint ses cimes les plus hautes, à 6000 mètres et au-delà (ascensions techniques pour la plupart). Ils se contentaient sans doute de contrôler les accès des quelques cols qui offrent un passage inespéré entre l’Altiplano et les Yungas.
• Lac Titicaca : Versant Altiplano, le regard porte jusqu’au lac Titicaca et sa population aymara, chargée d’histoire, de légendes et de traditions séculaires. Carrefour des plus anciennes civilisations amérindiennes, lieu de passage de grands destins historiques, le lac Titicaca a depuis toujours exercé un grand pouvoir de fascination sur les voyageurs. L’empire Tiwanaku aux Boliviens en passant par les Incas et les Espagnols,
Cordillère d’Apolobamba
On dit d’eux qu’ils seraient les derniers descendants directs des seigneurs de Tiwanaku, dont ils parlent encore la langue, le Pukina. Ce sont aussi et surtout les derniers détenteurs des secrets des plantes de l’Altiplano. Sur les Kallawayas, Burroughs écrivait en 1959 dans Le Festin Nu : Á propos, il existe en Bolivie une région d’altitude où les psychoses sont inconnues. Ces montagnards sont aussi sains d’esprit qu’un nouveau né. J’aimerais bien faire un tour là-bas moi-même, ... Cette région de brumes et de mystères est celle de chamans experts en herboristerie et guérison rituelle. Ceux ci exercent ensuite leurs talents partout dans le pays, tandis que les meilleurs partent vers le Pérou, le Brésil, l’Argentine ou dans les principales villes de la Bolivie. Charazani, la capitale de la province, berceau de la culture kallawaya, n’est tout au plus qu’un petit village de 700 à 800 habitants. Il est situé à 3500 mètres d’altitude environ, autant dire dans la vallée, puisque toute la région est dominée par la cordillère d’Apolobamba où trône, à plus de 6000 mètres, la montagne sacrée entre toutes pour les kallawayas : Tata Akamani.