Bout de terre perdu dans le Pacifique à 3 700 km à l’ouest du Chili, l’île de Pâques est pourtant connue de tous: l’image de ces grands « moais » tournant le dos à l’océan a fait le tour de la planète. Elle captive les voyageurs par ses multiples mystères, son paysage polynésien préservé, ses plages de sable blanc et ses eaux transparentes. On ignore toujours comment sa population d'origine polynésienne est parvenue jusque-là, cependant on estime l'arrivée au IVe siècle. On ne connaît pas non plus exactement les méthodes utilisées pour réaliser et surtout transporter les quelque trois cents colosses de basalte, les moai, érigées sur l'île. Le navigateur hollandais Jakob Roggeveen découvre cette ile le dimanche de Pâques du 14 Avril 1723, d'ou l'origine de son nom officiel. Par contre, les habitants de l'île, d'origine polynésienne, ont d'autres dénominations, tel que Rapa Nui pour le plus populaire. Pour atteindre cette destination hors des sentiers battus, vous devrez parcourir en bateau plus de 1 900 km sans rencontrer le moindre îlot habité. L'annexion officielle de l'île de Pâques remonte à 1888, durant la période d'expansion territoriale du Chili qui suivit la guerre du Pacifique. Environ 2 000 personnes vivent sur l'île, pratiquement toutes dans la localité d'Hanga Roa. La population se compose à 70% de polynésiens auxquels viennent s'ajouter des personnes originaires du Chili, et aussi d'autres pays. Les Moaï, localement mo'ai, sont les statues de l’île de Pâques taillées entre le IXe et le XVIIe siècle. La majorité de ces monolithes sont sculptées dans du tuf de Rano Raraku.
Rapa Nui
Nom donné à l’île de Pâques par les autochtones, il signifie « nombril du monde ». Cette appellation proviendrait d’une grosse pierre, parfaitement arrondie, que les Pascuans trouvèrent dans la baie de Hanga Hoonu, la considérant comme représentant le centre de l’univers. Aujourd’hui, environ 3 500 personnes vivent sur cette petite île de 180 km2. L’origine de ses habitants est floue. Les historiens pensent que Rapa Nui est peuplée au IVe siècle par des Polynésiens venus des Marquises. Entre le VIIe et le XVIIe siècle, il y aurait eu environ 5 000 à 10 000 habitants, répartis en tribus gouvernées par des rois et vivant d’agriculture et de pêche. A priori, deux périodes d’immigration auraient donné naissance à deux clans rivaux: les courtes oreilles et les longues oreilles. Les derniers auraient réduit en esclavage les premiers pour construire notamment les moai. Statues ou moai, dressées entre le VIIe ou le VIIIe siècle et le XVIe ou XVIIe siècle, elles sont disposées en bord de mer, pratiquement tout autour de l’île. Pour les indigènes, elles incarnent les esprits des ancêtres. Fabriquées en tuf provenant du volcan Rano Ranaku, elles mesurent de 3 à 20 m et pèsent entre 8 et 80 tonnes. La manière dont les Pascuans déplaçaient les moai n’est pas certifiée, mais il est très probable qu’ils les faisaient rouler sur des rondins de bois avant de les hisser sur leurs ahus, piédestal en pierre ou en terre.
Parque nacional Rapa Nui
Avec une surface de 6 859 ha, le parc couvre aujourd’hui environ 40 % du territoire insulaire, protégeant ainsi les sites archéologiques et les ressources naturelles. 300 ahus (plates-formes de cérémonies) et presque 900 statues disposées à différents endroits de l’île sont ainsi préservées et restaurés si nécessaire. Site Tahai, ce secteur, proche de la ville, est formé par trois ahus : Vai Uri, Tahai et Ko Te Riku. Le premier supporte cinq moai de tailles différentes et les deux autres un seul. La statue de Ko Te Riku est coiffée d’un couvre-chef en pierre rouge et possède des yeux, ce qui est rare. Juste à côté, il y a une maison typique en forme de bateau et des fours en pierre. Tahai a été restauré entre 1968 et 1970. Village d’Orongo, établi au bord du cratère du volcan Rano Kau et de la falaise, Orongo est composé de cinquante maisons de pierre de forme elliptique, surveillant la mer située à 300 m. Les multiples pétroglyphes de ce village de cérémonie rappellent que les Pascuans y pratiquaient le culte de l’homme-oiseau, élu tous les printemps. Chaque postulant désignait un serviteur chargé de se rendre sur l’îlot Motu Nui chercher le 1er œuf de sterne sans le briser. Escaladant la paroi, bravant les courants de l’océan, le premier qui parvenait à l’offrir à son maître le consacrait homme-oiseau de l’année. Elevé au rang de dieu, il devait se raser la tête, les sourcils et les cils et vivre reclus pendant un an.