Le Canadien traverse en trois jours et quatre nuits le Canada d’un océan à l’autre, des Grands Lacs au port de Vancouver. De l’Ontario à la Colombie-Britannique via le Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta, ce voyage de 4 466 kilomètres est ponctué d’une dizaine d’arrêts à travers les immensités naturelles du plus grand pays de l’Amérique… Sioux Lookout, dans l’Ontario. Une heure du matin. Le Canadien immobilise ses wagons argentés le long du quai. La gare minuscule de Sioux Lookout accueille six trains par semaine, pas de quoi déplacer les foules : il n’y a pas de personnel, de salle d’attente, ou de guichet, juste un bâtiment fermé, et un panneau ViaRail qui annonce les horaires. En face, de l’autre côté de la rue déserte, quelques maisons en bois peint, avec des pick-up garés devant. On imagine qu’à l’intérieur dorment des bûcherons, des chasseurs, le fusil à portée de la main sous une tête de caribou. Vision nocturne de carte postale : rien ne manque, même le drapeau à la feuille d’étable flotte au vent à côté d’un réverbère. Le train, qui cahote depuis des heures, ne bouge plus, la confortable couchette ne sursaute plus à chaque virage ou à chaque accélération des trois locomotives lancées à vive allure, qui n’aiment que de faire retentir leur tonitruante sirène.
Entre Capreol et Kamloops
Le calme inattendu qui cueille les passagers à Sioux Lookout a quelque chose d’irréel, les bruits, les lumières, sont étouffés, ils viennent d’ailleurs. Trois ou quatre ombres en pyjama en profitent pour descendre, histoire de fumer en vitesse une cigarette... Il faut dire que le train ne s’est plus arrêté depuis Hornepayne, il y a neuf heures… Le personnel s’active par devoir sur le quai de Sioux Lookout, sans trop y croire.
• Saskatoon : Saskatoon ! Un nom mythique, évocateur de destinations lointaines, qui sonne un peu comme Tombouctou, Kerguelen ou Pondichéry. Saskatoon, fondée en 1883 par des émigrants, tire son nom d’une baie, cousine de la myrtille, qui s’appelle comme la rivière qui traverse la ville, à moins que ce ne soit le contraire ! Saskatoon est une ville prospère honoré avec la beauté de la nature dynamique. Divisée par la rivière South Saskatchewan enroulement, le visage est et l'ouest de Saskatoon sont rejoints par une série de ponts et bordée de plusieurs kilomètres de sentiers pour faire du jogging, se promener et explorer. Saskatoon ouvre ses coeurs aux visiteurs qui se plaisent dans la culture.
• Trois fuseaux horaires : Le Canadien va franchir trois fuseaux horaires avant d’arriver à Vancouver. Le premier plongera les plus matinaux dans des affres de réflexion : l’heure normale du centre qui remplace l’heure normale de l’est (UTC* -5) avance ou retarde-t-elle l’ouverture de la voiture-restaurant ? Le voyage est rythmé par les repas, seuls rendez-vous de la journée. Heureusement, on mange bien, à bord du Canadien, à la carte : entrée, plat, dessert, pain frais, vin de Californie, breakfast, lard, saucisses, pancakes et œufs brouillés, haricots à la tomate et sirop d’érable.
Les grandes plaines du Manitoba
Les yeux et les fenêtres se referment quand le train redémarre lentement. Encore cinq heures avant que ne se profilent les grandes plaines du Manitoba : le Canada va devenir agricole, alors que se succédaient sans fin étangs et rivières de l’Ontario, cette gigantesque province d’un million de km², qui est aux deux tiers recouvert d’eau et de forêts. Les Grands Lacs (Supérieur, Michigan, Huron, Érié et Ontario), alimentés par des milliers de petits cours d’eau et de marécages dont la province regorge, constituent 18 % des réserves d’eau douce de la planète. Parmi les entrepreneurs de ces embranchements, Sir William Mackenzie et Donald Mann prirent le contrôle en janvier 1896 de la Lake Manitoba Railway.
• Les grandes plaines du Manitoba : Les vaches, les céréales et les puits de pétrole des grandes plaines du Manitoba ont remplacé les castors et les rapides de l’Ontario. Un passager jurera même avoir vu un wapiti ; un autre, demain, juste avant Jasper, un grizzly : les autres, dubitatifs mais conciliants, feront à table semblant de les croire. Ici, jadis, les Indiens chassaient le bison, les diligences se frayaient un chemin vers l’Ouest, guidées par des trappeurs et protégées par les tuniques bleues, mais devancées par les chercheurs d’or qui colonisèrent le Yukon en se ruant vers le Klondike… Il n’y a, dans l’intimité confinée de son compartiment, qu’à fermer un instant les yeux pour les accompagner…