Le Sahara commence au pied de la chaîne de l'Atlas. Sur des milliers de kilomètres, les dunes blondes brassées par le vent s'étalent à perte de vue, formant un véritable océan de sable d'où surgissent quelques chapelets d'oasis, surprenants îlots de verdure. Ici, l'adjectif « authentique » va de pair avec tout : la nature, le mode de vie, les traditions, le folklore, les rapports humains. Du Souf à la vallée du M'Zab, des dunes de Taghit au Gourara en passant par les jardins de la Saoura, les routes du Sud algérien suivent le parcours d'antiques caravanes, à travers un désert aussi stérile que subtil. Les peuples l’ont empruntée depuis des temps immémoriaux, comme en attestent les inscriptions sur les rochers datant de l’âge du bronze. Un groupe de Berbères fut converti à l’islam par les Ibadites, première secte à se séparer des Berbères. Pour fuir les persécutions, ils s’installèrent dans la Vallée du M’Zab au Xe siècle, concevant et construisant une série de villes fortifiées et élaborant un style de vie qui a perduré, grâce à un conseil fédéré qui conserve les lois islamiques et civiles, et grâce à son isolement géographique et intentionnel. Les paysages urbains sont situés sur des crêtes rocheuses, les maisons sont regroupées les unes contre les autres harmonieusement.
La vallée du M'zab
A 600 km au sud d'Alger, au cœur d'une contrée aride et inhospitalière, la vallée du M'Zab apparaît tel un mirage posé sur la rocaille. Dans une région où les pluies sont rares et les oueds toujours à sec, l'homme est toutefois parvenu à faire sortir de terre cinq cités fortifiées (ksour) et autant de palmeraies. Construite à partir du XIe siècle, la pentapole du M'Zab offre sur 25 kilomètres un labyrinthe de verdure ponctué de vieilles médinas dont le style unique continue de fasciner les architectes contemporains. C'est aujourd'hui l'un des sept sites algériens classés au patrimoine mondial de l'Unesco. A Alger, les épiciers ou les droguistes sont, par exemple, communément appelés « Mozabites », car la plupart sont des émigrés de Ghardaïa. Réputés pour leur profonde piété, les Ibadites du M'Zab vivent dans le strict respect des règles qui régissent leur société depuis près de mille ans. L'intimité devant être protégée du regard étranger, les femmes mozabites doivent revêtir le hidjab.
Ghardaïa
C'est la plus grande et la plus septentrionale des cinq villes qui composent la confédération du M'Zab. Sa fondation remonte à 1053. La légende locale raconte qu'un cheikh découvrit à l'entrée d'une grotte (ghar) une jeune femme, Daïa, abandonnée là par sa caravane. Il l'épousa et fonda un ksar qu'il nomma Ghar-Daïa, la grotte de Daïa. A l'image de ses voisines, la ville est bâtie en pyramide sur sa colline. Le sommet est couronné par une mosquée dont s'échappe un minaret en forme de pain de sucre. De là, la vieille ville se développe de façon concentrique jusqu'aux remparts. A la manière de la Casbah d'Alger, les petites maisons de couleur ocre sont étagées les unes au-dessus des autres. Il n'y a rien d'imposant ni de majestueux à Ghardaïa. Hormis la mosquée, peu de choses sont à « visiter ». Mais le charme est ailleurs. Il se découvre lors d'une flânerie dans les ruelles tortueuses qui sillonnent la médina, à l'intérieur des petites échoppes d'artisanat ou sur la place du Marché.
Mélika
Mélika (la reine) et ses maisons rouges s'élèvent au sommet d'un rocher sur la rive gauche de l'oued M'Zab (asséché). Fondée en 1124, elle fut autrefois la ville sainte du M'Zab. Contrairement aux autres cités, le marché est mitoyen de la grande mosquée. Au nord du ksar, le cimetière vaut le détour. Outre le mausolée du cheikh Sidi Aïssa, il abrite plusieurs tombeaux peints à la chaux et surmontés d'une petite tourelle dont la forme ressemble à celle des minarets qui flanquent les mosquées de la vallée. Les tombes les plus modestes sont recouvertes de petits morceaux de poteries cassées ou de branches de palmiers. bLa dernière-née de la confédération (1347) est la ville sainte par excellence du M'Zab. Le strict respect des codes et des valeurs ibadites y est de rigueur pour tous. A l'entrée de la vieille ville, des panneaux rappellent aux touristes que la cigarette, les tenues courtes (shorts, débardeurs). La mosquée est ceinte d'un rempart composé de tours blanches. La plus haute a 18 m.