Prendre le chemin de fer en Afrique, et surtout le Dakar-Bamako, relève encore de l’aventure. Elle déplaira aux amoureux des TGV et des moelleux fauteuils pullman mais elle représentera un souvenir inoubliable pour tous ceux qui sont capables de braver la chaleur et l’inconfort : ils seront récompensés par la beauté des paysages traversés et par les innombrables contacts noués avec les autres voyageurs. ligne tracée au coeur de l'Afrique de l'Ouest date de la colonisation française. Après le vote des crédits par le Parlement français, le 24 février 1881, il faudra près de quarante-trois ans pour mener à bien ce projet baptisé Dakar-Niger, un nom qui sonne comme une promesse d'aventures. L'objectif de ce train hors normes est d'exploiter l'espace conquis par la France et d'acheminer vers la métropole, via le port de Dakar, minerais et produits agricoles.
1.300 km de Dakar à Bamako
Toute l’Afrique de l’ouest voyage et déménage par ces trains de brousse. Pendant plus de trente heures, le temps de parcourir les 1.300 km de la ligne Dakar-Bamako, les liens se tissent avec des Wolofs, des Sérères, des Peuls, des Soninkés, des Bambaras, et même avec des peuples de la Guinée, du Burkina-Faso et de la Côte d’Ivoire. Mieux vaut se renseigner avant de prendre le train, la ligne est parfois interrompue. Les réservations se font à la charmante petite gare de Dakar, construite à la fin du XIXe siècle, en face du port.
• De Thiès à Diourbel : Au-delà, le train passe dans le grand triangle arachidier du Sénégal, ses très nombreux champs d’arachides et ses « seccos » (pyramides d’arachides dans des silos ouverts). Beaucoup de baobabs, l’arbre du Sénégal et du Sahel par excellence, sont également rangés le long du trajet, ponctuant les grandes étendues verdoyantes ou bordant des mares où se baignent des enfants avec leurs chevaux et leurs ânes. Dans les gares, une foule de petits camelots prend le train d’assaut, vendant fruits ou de l’artisanat (nappes, vannerie, etc.).
• Koungheul, Koupentoum et Koussanar : Après Diourbel la ligne atteint les gares de Guinguinéo (201 km) et de Kaffrine (256 km) dans le Siné-Saloum. Les mégalithes plus de 30.000 figurent parmi les curiosités de cette région. Le train passe ensuite par Maleme Hodar (site mégalithique), Koungheul, Koupentoum et Koussanar, et arrive à la nuit tombante à Tambacounda (483 km), capitale du Sénégal oriental. De là, une route part vers le sud la N7 pour le parc national du Niokolo-Koba et le pays bassari. Au milieu de la nuit, le poste frontière de Kidira.
Le Siné-Saloum
Entre terre et eau, cette région marécageuse est l’une des plus surprenantes du pays. Des centaines de bolons bras de mer y forment un lacis inextricable entre les îles. Riche en poissons, le Siné-Saloum abrite également des multitudes d’oiseaux. En général, cet estuaire s’explore en bateau depuis un campement. Toute cette région, qui s’arrête au bout de la Petite Côte et de l’estuaire des fleuves Siné et Saloum mais s’étend dans l’arrière-pays au-delà de Kaolack et Kaffrine, était autrefois le territoire de plusieurs royaumes sérères (notamment le Siné et le Saloum).
• Les Sérères : Originaires du fleuve Sénégal, les Sérères sont considérés comme parents des Wolofs et des Toucouleurs. Ils quittèrent la région et émigrèrent au sud où ils rencontrèrent des Mandings au XVIe siècle. Leur alliance donna naissance à une organisation sociale originale : les rois (« bours ») étaient choisis dans la dynastie manding des Guelowar et les grands dignitaires dans l’aristocratie sérère. Restés longtemps animistes, les Sérères furent à plusieurs reprises victimes des guerres saintes (« djihad ») lancées par les marabouts toucouleurs musulmans.
• A Sokone et à Toubacouta : A Sokone (47 km au sud de Kaolack, sur la N5) et à Toubacouta (66 km), se trouvent hôtels et campements disposant de pirogues à moteur pour pratiquer la pêche à la traîne ou se promener dans les bolons du Siné-Saloum. Depuis les embarcadères s’explorent les nombreux bras de mer poissonneux regorgeant de barracudas, carpes rouges, carangues, raies, guitares et pastenagues, mérous bronzés (thiof) et capitaines. La faune ailée abonde : martins-pêcheurs, hérons goliath, aigrettes, hérons cendrés, pélicans, flamants roses...