L’histoire des traditions et de l’art marocains remonte à l’époque néolithique. C’est durant cette période que les peuples venus de l’Est et du Nord migrent et s’implantent dans cette région, marquant ainsi les prémices de la culture du Royaume du Maroc. L’artisanat marocain d’aujourd’hui puise ses sources dans cet héritage ancestral, modelé par une culture bouillonnante par sa diversité et sa créativité. Cet artisanat est en perpétuelle évolution. Confronté à l’économie moderne, à l’exportation, au tourisme et aux besoins de la population, il allie tradition et modernité. Il s’agit cependant d’un patrimoine fragile, faisant partie intégrante de l’histoire marocaine et qu’il est nécessaire de préserver. Regroupant 70 métiers et faisant vivre des milliers de familles, une grande partie de la population serait plongée dans la pauvreté sans l’artisanat. Du façonnage du bois à la production d’huile d’argan, de l’art du tapis au travail du cuir, de la terre ou du métal, ce site vous propose un voyage dans le passé et le présent du Royaume. Aujourd'hui, l'artisanat a subi de nombreux changements liés aux influences étrangères modernes et à l'évolution des modes de vie des marocains qui se ressentent dans les créations. L'artisanat se façonne et oscille entre tradition, authenticité et modernité.
Le travail du bois
C'est au XIIIe siècle, avec la dynastie des Mérinides (XIIIe -XVe siècle) que le travail du bois atteint son apogée. Comme en témoigne encore la ville de Fès avec ses magnifiques et fastueuses demeures, cette dynastie a fait abondamment appel aux stucs, aux zelliges et au bois pour créer une décoration raffinée. On retrouve encore des vestiges du travail des Mérinides, qui ont sculpté et rehaussé de peinture le bois recouvrant les parties hautes des murs d'édifices tels que les mosquées (mosquée Karaouiyne) ou encore les médersas. Aujourd'hui, les artisans travaillent toujours des bois nobles et odorants comme le cèdre, qui permet à plusieurs scieries de vivre dans la région d'Azrou, ou encore la racine de thuya fournie par les forêts du Moyen-Atlas. Le travail du bois est omniprésent à travers le Royaume mais il existe tout de même des spécificités régionales. Fès, Tétouan, Salé et Meknès sont des villes renommées pour la peinture sur bois appelée ”Zouak” et pour la moucharabieh.
L'art du tapis
L'activité de tissage est sans conteste l'activité artisanale la plus ancienne au Maroc. Des générations de jeunes filles et de femmes se sont succédé derrière des métiers à tisser verticaux et rudimentaires pour la confection de tapis. Le tapis est devenu peu à peu essentiel à la vie des familles marocaines puisqu'il revêt un triple usage : il permet de se protéger du froid mais c'est aussi un objet de décoration à part entière dont la vente aide de nombreuses familles à la constitution d'une source de revenus complémentaire. Aujourd'hui, on distingue deux familles de tapis, chacune ayant ses spécificités. Le velours en est très fin, ras et serré et les tons multiples. Le décor évoque un jardin aux motifs floraux raffinés. Le sujet central, de forme hexagonale rappelle le bassin qui se trouve au centre du jardin, chaque bordure qui l'entoure dessine un thème floral différent, ou par des formes géométriques renvoie au cadre des zelliges. Aux deux extrémités, un motif rappelle le mirhab des tapis de prière.
Le travail du cuir
Le mot « maroquin » désignait au XVe siècle le cuir provenant du Maroc, la maroquinerie désigne aujourd'hui le travail et le commerce du cuir. C'est dire si cette tradition est ancienne surtout à Fès où l'on peut encore voir le quartier des tanneurs avec leurs cuves colorées et nauséabondes. A partir des peaux de chèvres tannées, les artisans fabriquent des babouches rondes ou pointues, brodées pour les femmes ; des selles de cheval ou de chameau dans les régions sahariennes ; des sacs en cuir et des étuis pour les poignards souvent brodés de fils de couleur. Plus touristiques sont les poufs, les portefeuilles, les chapeaux. Cela fait des millénaires que les hommes travaillent la peau, et l'adaptent au gré de leurs envies. Matières vivantes par excellence que le temps patine et embellit, indissociable du Maroc depuis le 11ème siècle, date à laquelle l'Europe s'est prise de passion pour ce travail exceptionnel des artisans du Maroc ; de là vient le nom de Maroquinerie.