La plus grande et la plus peuplée des îles du Cap-Vert est un symbole entouré par les vagues et le vent du large. Quintessence de l'archipel, avec ses contrastes, ses odeurs, ce « je-ne-sais-quoi » très particulier entre Afrique et Brésil, Santiago offre des criques magnifiques bercées par le clapotis des eaux. Entre le massif volcanique du Pico da Antonia au sud de l'île avec ses coulées de lave figée et le massif de Malagueta, au nord, c'est toute la capverdianité qui déploie ses ailes comme un grand oiseau fait de nostalgies et de musiques. Les vallées silencieuses, les montagnes fières, les marchés colorés et la jovialité des habitants se succèdent au rythme des marées et des couchers du soleil. Santiago, c'est aussi Tarrafal et sa plage bordée de cocotiers, c'est Praia à l'urbanité exubérante, Cidade Velha et ses vestiges d'une culture révolue, ou encore Ribeira Da Barca, village de pêcheurs suspendu dans la brume d'une nuit blanche. Vous l'aurez compris : c'est de la magie à l'état brut ! L'île de Santiago présente quand même un certain nombre d'intérêts : ses paysages sont variés, un mini Cap-Vert assez représentatif du pays.
La culture créole
Le Cap-Vert, à l’instar des Antilles, possède un patrimoine musical exceptionnel dont les influences multiples ont généré des styles originaux. A l’origine, ces musiques étroitement liées à la vie quotidienne exprimaient pleinement la culture du métissage. Elles ont vite dépassé le simple aspect ludique et festif en s’imposant au même titre que le créole comme le moyen d’expression privilégié des esclaves. La communauté, privée de liberté, réduite au silence, a pu, grâce à la musique, revendiquer des droits et s’opposer à ses maîtres. L’histoire du Cap-Vert exprime un métissage souvent défini par un terme ambigu : la créolité, qui qualifiait à l’époque aussi bien les Blancs nés à l’étranger que les Noirs transplantés sur une nouvelle terre. En fait, la base de toutes les musiques métissées dites créoles, cubaines, dominicaines ou capverdiennes repose essentiellement sur un héritage africain. Autour d’une structure rythmique qu’il n’y paraît se sont organisées des expériences de fusion.
• Un melting-pot musical : Les musiques du Cap-Vert se déclinent sur des registres très différents. La morna, lente et nostalgique, tire son inspiration du fado portugais et possède des accents « bluesy ». La coladeira, plus rythmée et tonique, sonne déjà plus africaine. Quant au funana et au batuque, originaires de Santiago, ils sont plus typiquement africains. Le funana, qui véhiculait des propos satiriques, a vite été jugé subversif et interdit par les autorités coloniales. Son rythme lancinant et sa chorégraphie provocatrice ont choqué le clergé qui s’y est opposé.
• Les couples unis par le funana : Les adeptes des pistes des discothèques capverdiennes observeront les couples unis par le funana, collés littéralement l’un à l’autre, et auront une idée précise de ce type de danse pour le moins sensuelle. Le funana, dont le rythme s’apparente à un zouk un peu plus endiablé, fait appel à deux instruments aussi différents que complémentaires : la gaita, un petit accordéon diatonique qui rappelle le bandonéon argentin, d’origine européenne, et le ferrinho, un grattoir en fer, calebasses ouvragées typiques de la musique africaine.
Le carnaval de Mindelo
Mindelo, l’insouciante, « la ville cigale » du Cap-Vert qui chante et qui danse, se transforme radicalement à l’approche du carnaval. Partout, de petites fourmis s’activent dans les quartiers populaires de Cha de Alecrim, Fonte de Meio et surtout Monte Sossego surnommé « le Mont des Amours ». Les bataillons d’enfants qui forment le gros des troupes carnavalesques préparent leurs costumes. Les jeunes garçons rivalisent d’ingéniosité et d’humour en se confectionnant des déguisements de fortune. Les jeunes filles, les belles crioulas qui vont défiler, répètent leur chorégraphie. Autour des chars en construction, camouflés derrière les murs, on distingue des tubulures, des armatures sommaires et des carcasses informes. Dans les cours et sur les terrains vagues, l’activité est fiévreuse : coups de marteaux, bruits de ponceuses, vrombissements des scies électriques. C'est un des plus beaux carnavals du monde et peut-être le plus attachant de tous. Pour Mardi Gras une ville, une île, un pays vivent au rythme des batucadas. Une année de préparation, une semaine de ferveur et une après-midi d'apothéose le jour du grand défilé.