Un peu délaissée du fait de son aspect austère, São Nicolau est encore peu touchée par le tourisme. Ses habitants, en majorité pêcheurs et agriculteurs, peuvent ressentir un certain isolement mais, enracinés à leurs terres fertiles et à leurs riches traditions, ils continuent à vivre avec fierté et courage. La communauté de São Nicolau perpétue les valeurs de solidarité et d’entraide qui lui ont permis de lutter contre les terribles famines et l’émigration. Tous les visiteurs louent l’extrême gentillesse des insulaires dotés d’un incomparable sens de l’accueil. Découpée, accidentée, mais assez accessible, l’île abrite des paysages grandioses, très typés, peu communs dans l’archipel. Elle sacrifie également à l’aspect balnéaire puisqu’on y foule des plages au sable noir basaltique dont les vertus médicinales sont réputées. A São Nicolau, le Cap-Vert d’antan perdure à travers la musique traditionnelle et les rituels ancestraux. A l'écart des circuits touristiques, l'île de São Nicolau possède une partie verte à l'Ouest et une zone aride à l'Est. Le plus joli site est sans aucun doute Faja et sa vallée... un cirque entouré de montagnes. La pêche, active à São Nicolau, reste en majorité traditionnelle. Elle est pratiquée dans les petits villages côtiers. Parfois, elle revêt des aspects plus insolites. Ainsi, à la sortie de Tarrafal, on découvre une étrange communauté : une famille de pêcheurs vit sur la plage dans une cabane.
São Nicolau, le premier grenier du Cap-Vert
São Nicolau n’exerce plus dans l’archipel sa suprématie en matière d’agriculture mais bénéficie, dans une zone de moyenne altitude, de terres fertiles grâce à une pluviométrie conséquente : 800 mm/an à Faja de Cima. Au XVIIIe siècle, São Nicolau est le premier grenier du Cap-Vert. L’eau est abondante, les sources nombreuses et un peuplement conséquent conduit une communauté dynamique à développer une agriculture diversifiée : fruits, légumes, manioc, café, vignes, canne à sucre, etc. L’élevage du bétail est également important. Puis des fléaux s’abattent sur l’île : raids de pirates, sécheresses, famines, invasions de sauterelles. Grâce au courage des insulaires, les cultures redeviennent rentables.
• La route de Faja de Baixo à Faja de Cima : La route qui mène de Ribeira Brava, le chef-lieu de São Nicolau, à Tarrafal sur la côte ouest, traverse la partie la plus verte de l’île, notamment entre Faja de Baixo et Faja de Cima. Les cultures se nichent dans les vallées (ribeiras) et sur le flanc des montagnes où elles s’étagent en terrasses. Au fur et à mesure que la route s’élève de Faja de Baixo (250 m d’altitude) à Faja de Cima (800 m d’altitude), la lumière peut changer soudainement. Des lambeaux de nuages s’accrochent aux pitons déchiquetés et le brouillard.
• Monte Gordo : La route vers Tarrafal se poursuit jusqu’à Cachaço, point de départ d’une belle randonnée sur le Monte Gordo, le point culminant de l’île (1304 m). Cette balade de 4 h (aller-retour) conduit à travers un massif forestier de conifères, d’eucalyptus et de sisals jusqu’au sommet pelé du monte Gordo dont le cratère abrite une petite plantation de café. En continuant jusqu’au col, on atteint un promontoire qui offre une vue magnifique sur l’île. Par très beau temps, on distingue quasiment tout l’archipel. Souvent, on se contentera d’observer les îles voisines.
La descente vers Tarrafal
Les paysages entraperçus lors du survol de São Nicolau permettent de saisir la réalité géographique et humaine de l’île. Entre la terre ocre taillée au burin par la nature, les monts dentelés et les vallées verdoyantes, les contrastes sont forts. La partie ouest de l’île, quasiment désolée, n’en offre pas moins des ambiances fortes. De Cachaço à Tarrafal, une succession de monts dentelés et de gorges évoquent les décors de western. La route pavée file vers des hameaux dans une région aride surnommée « l’Altiplano du Cap-Vert » en référence à la Bolivie.
• Des traditions ancrées dans le quotidien : La vie quotidienne peut garder un sens caché : un jeune garçon jette une pierre à une jeune fille qui la ramasse, entérinant ainsi un long rituel. Le garçon écrit une lettre enflammée et un échange de cadeaux s’ensuit. La virginité de la promise est souhaitable. Si tel est le cas, cette dernière se présentera avec une fleur en bouton ; dans le cas contraire, avec une fleur ouverte. Après le consentement des familles, les fiançailles sont célébrées dans la maison de la jeune fille. Le couple rejoint la chambre nuptiale décorée...