Carnet de voyage à la découverte des Aït Bougmez, le grenier du Haut-Atlas au Maroc. La « vallée heureuse » et ses alentours se prêtent merveilleusement à des balades bucoliques à la rencontre de la culture berbère, des habitants et des artisans de la vallée des Aït Bougmez. Bien loin des sentiers battus. La vallée des Aït Bougmez qu’on voit aussi écrit Aït Bouguemez et autrefois appelé Aït Bouammass, littéralement ceux du milieu en raison de la situation de la vallée en plein cœur des montagnes du Haut Atlas central, est plus généralement surnommé la « vallée heureuse ». Au cœur de l’Atlas, se trouve une vallée d’altitude dominée par le mont M’Goun : la vallée des Aït Bougmez. Vous y ferez des randonnées douces pendant cinq jours, passant de village en bergerie, de vallons en gorges, découvrant des sources et des cascades.
• Traversée des Aït Bougmez en pick-up : Hier soir, nous sommes arrivés assez tard dans les Aït Bougmez, la vallée heureuse du Haut-Atlas marocain. A l’arrière d’un pick-up Toyota, nous traversons la vallée pour rejoindre les Aït Boulli. L’atmosphère est lourde, l’air chargé en poussière du Sahara. Dans les champs, les femmes s’affairent à couper le millet et la luzerne. Courbées, elles portent leur lourd chargement de céréales sur le dos pour les stocker en vue de l’hiver. Les hommes construisent ou rénovent l’habitat traditionnel. Dans le bas de la vallée des Aït Bougmez, on trouve les maisons en pisé. Plus en altitude comme à la maison d’hôtes Touda, les pierres remplacent la terre battue. Toutes les pièces des habitats ne dépassent pas trois mètres de large, la taille maxi des poutres en noyer provenant de la ville. Les camions colporteurs d’Azilal passent tous les vendredis avec les denrées qu’on ne trouve pas dans la vallée. Dans les Aït Bougmez, les cigognes sont heureuses...
Les Aït bougmez à pied
C’est en bus local que nous retournons dans la vallée des Aït bougmez à la fin du marché d’Abachkou. Nous y sommes entassés comme des sardines. 23 passagers y sont assis au lieu des 12 prévus dans le véhicule, sans compter la dizaine de passagers sur le toit et les sacs de victuailles achetés sur le marché. Tous les Mercedes débordent au retour du marché. Ambiance habituelle d’un samedi après-midi.
• Les empreintes de dinosaures : De l’autre côté de l’assif N’Rbat, à moins d’une heure de marche, le village d’Ibaqalliwn est un site réputé pour ses empreintes de dinosaure. Sur les calcaires gris blancs de 185 millions d’années, on retrouve des empreintes de carnivore bipède à trois doigts et d’herbivore quadrupède. Un plongeon dans l’Histoire à deux pas des maisons du village. Au village, on s’installe chez l’habitant.
• Au marché de Tabant : C’est à pied que nous nous rendons au marché dominical de Tabant. Comme à Abachkou, on y trouve de tout mais le marché est plus grand et il y a nettement plus de monde. Avant de déambuler dans les allées, petite incartade dans le marché aux mules. Des dizaines de mules attendent de trouver preneur. Les négociations s’entament entre acheteurs et vendeurs et peuvent prendre parfois des heures compte-tenu du prix élevé d’une bête. Il faut en effet compter environ 1000,00 € pour une mule en bonne condition quand on sait que la construction d’une maison ne sera que dix ou quinze fois supérieure. Nous y achetons des fruits, des légumes et du poulet pour le diner.
• Le marabout de Sidi Moussa : Avant de manger un tagine au cœur même du marché, nous montons au marabout de Sidi Moussa. Ancien grenier à la confluence de l’assif N’Rbat et de l’assif n’Aït Hkim, il servait à stocker les richesses des villageois. Le marabout Sidi Moussa y est enterré. Il avait le don de guérir les femmes stériles. Aujourd’hui encore, des femmes s’y rendent pour les mêmes raisons.
• Les nomades du plateau d’Izourar : Depuis la maison d’hôtes Touda, nous partons à pied sur le plateau d’Izourar et son lac d’altitude (2600 m) asséché dès le printemps. Les nomades Aït Atta y arrivent du massif du Sargho dans l’Anti-Atlas au mois de mai et repartent en novembre quand le climat devient trop rugueux pour le bétail. Durant tout l’été, les nomades trouvent pour leurs chèvres, moutons et dromadaires un bon pâturage sur ce plateau d’altitude. La vie est très sommaire. Une simple tente en peau de dromadaire, un enclos pour rassembler le troupeau, quelques éléments pour cuisiner, des couvertures pour dormir. Un fossé culturel et économique entre nos deux mondes qu’Ahmed et Saïd réunissent.